Né en 1978 à Montereau, Guillaume Linard-Osorio vit et travaille à Paris. Il est représenté par les galeries Alain Gutharc (Paris) et Carvalho Park (New York).
Son travail d’artiste est pétri par la culture du construit, la projection, la mise en œuvre et la représentation de l’espace. Dimension directement liée à sa formation d’architecte, les matériaux de construction sont souvent à la base de son travail. Il s’attache à leur transformation et à leur visibilité, alors que par principe ils disparaissent dans la finalité de la construction. Il recompose et interroge le sens à partir de leur vocabulaire silencieux.
La démarche de Guillaume Linard-Osorio convoque aussi les notions de projet et de chantier, là où les choses physiques ont un certain degré d’abstraction, où le réel est mis en déroute. Dans ses pièces les plus anciennes, on le voit déplacer ou découper des colonnes, le modulor, afficher deux définitions du formulaire de permis de construire, ou encore ouvrir une plaque de placoplâtre par le milieu, comme un livre. Il cherche les points de rupture, le seuil critique intrinsèque aux matériaux, pour mieux repenser ce qui nous relie ou nous déconnecte, culturellement et socialement.
Par ces expérimentations sur les matériaux, l’artiste a souvent interrogé notre rapport au monde et nos rapports sociaux. (On pense à sa pièce vidéo Os candangos qui montre le chantier de Brasilia désert. Cette vidéo – et l’installation qui l’accompagne – est dans la collection du Frac Bretagne). Comment se fabriquent nos paysages, et que disent-ils de nous ?
L’omniprésence des écrans a fait émerger de nouvelles manières de vivre ensemble et d’échanger, ainsi que de nouvelles normes de regard et de parole.
Voilà plusieurs années que Guillaume Linard Osorio explore le polycarbonate alvéolaire comme support. Ses œuvres récentes (Peinture de bruit…) sont réalisées sur, derrière et dans ce matériau bien connu des architectes. La particularité de ce panneau (au-delà du fait d’être plus léger et plus résistant que le verre) est d’être partiellement transparent ou translucide et d’offrir une structure intérieure composée d’alvéoles. L’artiste fait entrer l’encre ou la peinture dans l’épaisseur même du support. Il travaille le dos et dessine à la surface, dans un double mouvement de fascination et de résistance aux écrans, ceux en cristaux liquides qui s’interposent entre le monde et nous.
Les écrans que propose Guillaume Linard Osorio sont des peintures liquides. Ils forment des sortes d’images floues, des radiographies d’un mouvement suspendu. Ils ne sont pas pensés comme des « fenêtres tableau » censés cadrer le monde, l’éclairer ou lui donner une forme idéalisée. C’est notre monde de la vitesse et de l’instantané mis sur pause, une parenthèse.
Guillaume Linard Osorio affectionne la poésie et le slam, quand les mots portés ont encore une réserve de sens, qu’ils sont ouverts à l’interprétation. Il livre parfois, en marge de son travail de plasticien, une lecture en public où le texte déclamé se mesure aux œuvres peintes.
Ce travail a été exposé en 2021 à la galerie Carvalho Park à New York (Liquids don’t cry) et en 2019 à la galerie Alain Gutharc à Paris (Seuil Critique), au Centre d’art contemporain de Nîmes (CNAM), et au Forum d’architecture de Nice.